mardi 5 août 2008

Au pays des celtes, comme eux

Jacques le Congolais a dansé breton.

Au quatrième jour du 38e festival interceltique, l’espace Bretagne a vibré au rythme de sa musique.
Sur le podium, le groupe Arvest se produit. Quatre personnes sur scène pour un bonheur débordant. Des centaines de personnes sur la piste de danse pour faire des rondes de Loudéac, des gavottes, des cercles circassiens et tant d’autres. Je ne tiens plus sur mes jambes. J’observe ceux qui dansent et compte leurs pas en fonction de la musique. Au Congo dans la danse, le comptage n’existe pas, ce sont les mouvements qui importent. Et lorsqu’on danse, l’idéal est de danser comme les artistes dans leurs clips. Sur la piste, je crois être confondu aux autres danseurs, parce que dans une certaine mesure nous lançons les même pas.
Je croise des regards. Certains sont stupéfaits, d’autres restent discrets. On y va pour la ronde et la gavotte. Une dame ne se retient pas et demande : « Vous avez appris à danser où ? Vous avez suivi des cours de danse ? ». Je lui dis que mes premières leçons de danse bretonne n’ont qu’une dizaine de minutes. Elle continue, « Mais les Noirs ont le rythme dans le sang. Si tu veux apprendre, viens demain salle Carnot, il y a des cours de danse. ».
J'accepte le rendez-vous, par curiosité et pour la découverte.
Que dirait ma mère si elle apprenait que je fréquentait une école de danse ?
Dans mon pays, pas moins d’une dizaine de danses voient le jour chaque année. Et je les connaît toutes, sans avoir suivi des cours.

Et voilà Jacques Matand au pays des Celtes ! Et là, il faut danser comme eux.
Les uns m’accordent leur attention, me parlent et cherchent à savoir d’où je viens. Les autres m’encouragent lorsque je m’arrête sur la piste pendant que les pas changent.

C’est là que j’ai senti la couleur de ma peau. Elle est noire. Elle se distingue sur cette piste pleine des peaux blanches. Nous sommes différents. Mais dansons les mêmes danses.

Au cours de danse..

En marge du festival, des cours de danses sont organisés. Objectif : apprendre aux néophytes comment exécuter quelques pas. Début des cours avec les danses bretonnes. Très vite sur la piste je retrouve mes repères. J’ai droit à une vidéo gratuite. La demoiselle qui m’avait filmé me dira qu’elle avait apprécié notre duo. Voilà pourquoi elle nous avait filmé. Comme si il était étrange qu’un Noir apprenne à danser breton. Encore une fois de plus, je suis le seul noir sur la piste à apprendre la danse. Une dame de ma couleur nous observait. Au fait, j’ai eu la même réaction à Kinshasa, le jour où j’ai vu un blanc danser le « ndombolo » congolais.

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