mardi 26 août 2008

Bien dans sa peau

C’est étrange de se sentir étranger ?

A Lille depuis quelques mois, je me sens de plus en plus chez moi. Pendant les séjours à Lorient et à Montpellier, j’avais hâte d'y retrouver ma chambre à la cité universitaire. Un chez moi. Je me suis surpris à penser à ce logement avec la sensation de me sentir en terre familière. Mes pensées emportées je ne sais où, je crois que les esprits de ma terre natale ont franchi les obstacles du temps et de la distance pour parvenir jusqu’à Lille et me donner ainsi des attaches dans cette ville. Est ce pour autant que je deviens Lillois ? C’est une autre paire de manche. Un proverbe de mon Congo natal dit : ce n’est parce qu’un morceau de bois reste longtemps dans l’eau, qu’il se transformera en crocodile. Sourire aux lèvres, je suis à Lille dans ces rues je retrouve mes repères d’il y a à peine deux mois. Et la vie est belle.

Alors dansez maintenant!

Bilan de la RDC aux jeux olympiques.

Tard la nuit dans les rues de Lille, je tombe sur deux jeunes gens. Ils me semblent ne pas être de cette terre. Je les surprends en discussion. Ils parlent des 29e jeux olympiques de Pekin. J’y prête l’oreille. Ils ne se mettent pas d’accord sur les performances de la RDCongo.

- Mais ce pays RDC n’avait même pas 10 athlètes !

- Pourquoi avoir plusieurs athlètes, répond l’autre. C’est un choix.

- Pas du tout, ils ont été nul. Même pas une médaille ?

- C’est quoi les médailles sans la participation. Ces cordes qui pendent aux cous avec une plaquette ?

- Les Chinois en ont raflé une centaine et les américains aussi.

- Et puis quoi encore ? D’autres pays n’en ont reçu qu’une. Pas très loin de la RDC. Et pourquoi vouloir que la RDC, remporte aussi des médailles ? Elle n’en a pas et n’en veut pas.

- Faux-fuyants mon cher, ce pays est incapable, voilà la vérité.

- C’est ce que tu crois. Retiens que son drapeau a flotté dans le ciel Chinois.

J’abandonne ces inconnus de la nuit. Après une bonne heure de marche, je reviens sur terre.
Une fiction

samedi 9 août 2008

Comme à la Foire d'autres temps


Nostalgie de la FIKIN

Le 38e festival interceltique, ce sont les conférences, les concerts en plein air ou en salle. C’est aussi le parc d’attraction. On y trouve des auto tamponneuses, des jeux vidéo, des motos qui redonnent l’impression d’être dans une vraie compétition. Il y a des casinos et le bateau pirate qui draine du monde. Pour se tourner la tête et se donner un peu de frayeur, les festivaliers vont à la chenille. Le jour, le parc ne produit pas le même effet que la nuit. Les jeux de lumières clignotent. Lorsque le bateau pirate monte à la verticale, on entend des cris.
Loin des jeux électroniques, il y a des vendeurs de peluches. On y achète un petit animal ou une poupée. Un autre stand propose des canards en plastique qui font la ronde dans un bassin.

Une petite fatigue ? Des bancs permettent de se reposer.
Et voici un homme-automate, peint en gris. Ses mouvements ressemblent à ceux des marionnettes vendeur des jouets de canards qui font la ronde dans un bassin. Il pousse des petits cris. Il siffle. De sa bouche ne sont aucune parole. C’est un monde de rêve. Dès qu’il est temps de partir, les enfants protestent.

Et la musique ! Une musique qui vient de toutes parts autour de ce parc en plein milieu de la place Jules-Ferry. Des bars lancent la musique à fond pour le bonheur de leurs clients. Lorsqu’il n’y a pas un DJ, c’est un groupe qui se produit. Et c’est encore de la musique.

Il y a des dizaines d’années, mon pays la République Démocratique du Congo disposait d’une foire internationale où une grande gamme de jeux, des chenilles et des auto-tamponneuses attiraient les vacanciers.
Lors des premiers pillages de 1991, tout a été détruit. Dans cet espace vide se construit petit à petit des pavillons. Avec les jeux, le rêve a disparu.

En Chine comme au Congo, l’identité culturelle en phase d’extinction!

Une Chinoise s'inquiète.

Le 38e festival interceltique célèbre l’identité culturelle. Cette année le Pays de Galles est à l’honneur. Les costumes et instruments de musique font revivre les cultures celtiques. Par comparaison, Chi s’attriste de ce que devient son pays. Cette étudiante chinoise assiste au festival avec un double regard : celui du journaliste qui observe les faits, les spectacles et autres activités culturelles, mais aussi celui d’une Chinoise qui regrette la perte de son identité. « Je me demande si aujourd’hui les Chinois ont une identité culturelle » s’interroge- t-elle avec chagrin. « Nous avons perdu notre identité culturelle, surtout dans les grandes villes ». Face à l’évolution technologique, Chi trouve que la Chine est plus portée vers les innovations, les nouveautés au détriment de sa culture. Dans la plupart des spectacles, il faut de plus de l’innovation.
Avant de se lancer dans le journalisme, elle a travaillé en Chine dans l’organisation des festivals. « Dans mon pays, lorsqu’il y a un festival, il ne faut pas présenter aux gens leur culture, plutôt chercher quelque chose de nouveau qui puisse les attirer et les impressionner. Sinon personne ne viendra » explique-t-elle avec amertume.
Chi regrette que le peu de festival chinois aient perdu de leur côté festif. Des festivals qui ne durent d’ailleurs que deux heures.
L’ambiance du Festival interceltique la rend aussi amère. Cette ambiance où les festivaliers parlent avec des inconnus et font la fête est difficile à trouver dans son pays. « Ici il y a de l’ambiance, les gens se parlent, ils sont venus pour s’amuser. Dans mon pays, il faut chercher comment créer l’ambiance pour que les gens se sentent à l’aise, se parlent. En Chine, les gens ne se parlent plus du tout ». Chi, craint une disparition prochaine de la culture chinoise et de ses traits spécifiques. « On voit des photos sur la Chine, mais ce n’est pas la culture chinoise. » précise t-elle. « Et ce n’est pas parce qu’on se photographie en France qu’on présente la culture française. Ce n’est pas parce que des photos présentent la Chine que l’on est en face de la culture chinoise. ». Chi est de plus en plus attristée de constater qu’en Chine, « les conservatoires ne s’intéressent pas à la musique chinoise. Ils ne s’intéressent pas à cette musique comme élément culturel, plutôt parce les étrangers l’apprécient ».
Ce festival aura laissé en Chi le goût amer de sa Chine en perte de vitesse culturelle face à l’avancée technologique qui repousse davantage le passé vers les oubliettes. Sentiment partagé également par beaucoup d’Africains qui sentent que l’Afrique est en phase de perte de ses repères culturels. En République Démocratique du Congo par exemple, très peu de jeunes s’intéressent à leur origines.

Malgré les mêmes pas de danse est-on différent

On y danse ensemble au même pas

En marge du festival, des cours de danses sont organisés. Objectif : apprendre aux néophytes comment exécuter quelques pas. Début des cours avec les danses bretonnes. Très vite sur la piste je retrouve mes repères. J’ai droit à une vidéo gratuite. La demoiselle qui m’avait filmé me dira qu’elle avait apprécié notre duo. Voilà pourquoi elle nous avait filmé. Comme si il était étrange qu’un Noir apprenne à danser breton. Une fois de plus, je suis le seul noir sur la piste à apprendre la danse. Une dame de ma couleur nous observait. Au fait, j’ai eu la même réaction à Kinshasa, le jour où j’ai vu un blanc danser le « ndombolo » congolais.

La fièvre du départ


Dans moins de 24h je quitte Lorient, emportant avec moi une image du 38e festival interceltique, pas du tout de la ville. Mais ce sont des moments de folie, de plaisir, de bonheur, de travail effréné à longueur des journées des soirées et de nuits.
J'ai rencontré des gens, parlé quelques mots en espagnol, appris des pas de danse que je perdrai forcement d'ici peu. Pour ce qui du festival, je partagerai avec vous quelques textes mis en ligne sur le blog que nous avons créé pour ce festival, l'adresse est : esjaufil.wordpress.com .Mais vous n'avez pas manqué grand chose à proprement parler. Seulement, c'est un autre regard de la vie et de la culture des autres qui peut influencer notre pensée et notre perception de certaines réalités congolaises. laissez - moi partager avec vous quelques photos de ce festival.
Au plaisir.

mardi 5 août 2008

"Viva, viva galitia"

On se défonce à fond...

Le 38ème festival interceltique présente deux visages de la place Jules-Ferry
Un visage de nuit et un autre de jour
A 10 heures, la ville qui s'est endormie dans un flot de danses et de bière se réveille avec une gueule de bois. Le coiffeur prend soin de son client. Pas d'autres en attente comme d"habitude
Après avoir bu, cette sensation de non gout dans la bouche avec cette lourdeur à ne pas se décider à démarrer la journée. Même le parc d'attraction.
Les enfants viennent au parc accompagnés de leurs parents. Ils font la grasse matinée.
Par terre, 100 mètres plus loin, une bande de cinq jeunes ébouriffés, visiblement souls et paumés font la manche dans une rue où les passants sont absents.
Ils tuent l'ennui à coups de cigarettes, à raison d'une tige pour cinq toutes les vingt minutes.
Il aura fallu parcourir deux cents mètres pour rencontrer le premier marchand de gâteaux., chocolats et kouignettes.
A 10heures passées, il fait plutôt lève-tôt dans cet environnement de ville morte.
En fait, la ville reprend des forces pour traverser une autre nuit de folie. Car depuis le début du festival, les gens vivent comme des chauve-souris.

Quels contrastes ! La veille et jusque tôt ce matin, les festivaliers se bousculaient. La circulation dense, les musiques à fond, et danses à volonté, danses bretonne ses rondes ou danses plus métissées avec des touches rock, rap ou jazz.

Après le passage de la tornade festivalière, la vie reprend doucement. Les bureaux de l’hôtel de police sont ouvert. Mais, le palais de congrès reçois déjà ses premiers venus, ils se dirigent vers l’auditorium pour le master class ( séance d’information et de pratique musicale). Les festivaliers attendent le temps de force pour une nouvelle journée. « Le festival est long et populaire. » Ce qui fait penser à une phrase de feu le président de la République Démocratique du Congo Laurent Désiré Kabila qui déclara face à l’agression étrangère, « la guerre sera longue est populaire ».

Au pays des celtes, comme eux

Jacques le Congolais a dansé breton.

Au quatrième jour du 38e festival interceltique, l’espace Bretagne a vibré au rythme de sa musique.
Sur le podium, le groupe Arvest se produit. Quatre personnes sur scène pour un bonheur débordant. Des centaines de personnes sur la piste de danse pour faire des rondes de Loudéac, des gavottes, des cercles circassiens et tant d’autres. Je ne tiens plus sur mes jambes. J’observe ceux qui dansent et compte leurs pas en fonction de la musique. Au Congo dans la danse, le comptage n’existe pas, ce sont les mouvements qui importent. Et lorsqu’on danse, l’idéal est de danser comme les artistes dans leurs clips. Sur la piste, je crois être confondu aux autres danseurs, parce que dans une certaine mesure nous lançons les même pas.
Je croise des regards. Certains sont stupéfaits, d’autres restent discrets. On y va pour la ronde et la gavotte. Une dame ne se retient pas et demande : « Vous avez appris à danser où ? Vous avez suivi des cours de danse ? ». Je lui dis que mes premières leçons de danse bretonne n’ont qu’une dizaine de minutes. Elle continue, « Mais les Noirs ont le rythme dans le sang. Si tu veux apprendre, viens demain salle Carnot, il y a des cours de danse. ».
J'accepte le rendez-vous, par curiosité et pour la découverte.
Que dirait ma mère si elle apprenait que je fréquentait une école de danse ?
Dans mon pays, pas moins d’une dizaine de danses voient le jour chaque année. Et je les connaît toutes, sans avoir suivi des cours.

Et voilà Jacques Matand au pays des Celtes ! Et là, il faut danser comme eux.
Les uns m’accordent leur attention, me parlent et cherchent à savoir d’où je viens. Les autres m’encouragent lorsque je m’arrête sur la piste pendant que les pas changent.

C’est là que j’ai senti la couleur de ma peau. Elle est noire. Elle se distingue sur cette piste pleine des peaux blanches. Nous sommes différents. Mais dansons les mêmes danses.

Au cours de danse..

En marge du festival, des cours de danses sont organisés. Objectif : apprendre aux néophytes comment exécuter quelques pas. Début des cours avec les danses bretonnes. Très vite sur la piste je retrouve mes repères. J’ai droit à une vidéo gratuite. La demoiselle qui m’avait filmé me dira qu’elle avait apprécié notre duo. Voilà pourquoi elle nous avait filmé. Comme si il était étrange qu’un Noir apprenne à danser breton. Encore une fois de plus, je suis le seul noir sur la piste à apprendre la danse. Une dame de ma couleur nous observait. Au fait, j’ai eu la même réaction à Kinshasa, le jour où j’ai vu un blanc danser le « ndombolo » congolais.

lundi 4 août 2008

L’âge n’a pas d’importance face à sa star

Une grand-mère a du mal à tenir en place

Pendant que je circulais dans le centre où se déroule le 38è festival interceltique de Lorient, je me retrouve autour d’une table avec une grand-mère en compagnie de ses deux filles. Nous assistons au spectacle que présente Bran, un groupe venu de Prague en République Tchèque. La grand mère a du mal à tenir en place. Une de ses filles lui lance « maman arrête, tu vas te faire remarquer. » . Une autre ajoute : « maman a le coup de foudre et elle risque bien de choses… ». Nous rions tous autour de la table.

Elle apprécie sans tenir compte de ses enfants qui l’appelle au retenu. Rien à faire, elle se retourne vers moi et me dis : « tu sais, je l’aime ce musicien. Il est bon. ». « Maman l’aime plus que Jhonny H. »ajoute une des filles. La grand mère l’admet. Elle me dis que le mois prochain elle fêtera ses 75 ans, elle devrait s’offrir les CD du groupe dédicacés.
Comme cadeau anticipé, je lui fais une photo pour immortaliser ce jour. Devant sa star préférée, ou une personne qu’on aime, on a parfois du mal à tenir en place. C’est le bonheur de cet instant qui l’emporte.

Comme les celtes

Au pays des celtes, je n'est pas pu m'offrir leurs costumes et autres parrures celtiques. En fait, même présent pendant quelques jours dans cette ville où les peuples celtes se rencontrent, je profite de ce temps pour immortaliser mon passage avec quelques festivaliers en costume de parade.Et je dis que le congo Kinshasa, de part sa richesse culturelle a quelques choses à présenter et à offrir dans le concert des nations. Prenons le peuple Luba, les Kubas, les Pendes, les Tetelas, les Kanyoks, et autres qui se réunissent pendant trois jours de spectacles. Les danses, les rituels et les éléments qui font la diffférence entre ces peuples présentés sans prétention aucune. Je m'imagine que ce sera magnifique, à l'exemple de ce que je vois à Lorient. A Lorient, on assiste à des spectacles. C'est la fête certes. Mais c'est aussi un portail, un mirroir, un média par lequel on se fait connaître; et cela permet aux autres de nous percevoir.

Je parie que les gouvernements provinciaux de la RDC pensent aussi à revaloriser les cultures des peuples de leurs provinces respectives.
La diversité culturelle est un atout dont nous devons être fier. Mais c'est pas un élément de discrimation entre les peuples. Et je suis convaincu que chaque culture détient des valeurs et des belles chose à faire valoir.

Séjour à Lorient


38è Festival Interceltique de Lorient.

Depuis vendredi 1er août, je suis à Lorient pour assister au 38è Festival Interceltique de Lorient. Interceltique, et bien c'est la rencontre des peuples qui viennent des horizons différents, mais qui partagent des longues années de cultures communes. C'est un lien invisible, immatériel, mais dont la fibre d'attachement rassemble des milliers de personnes. Les rues sont constamment prises d'assaut. Les festivaliers sont là pour s'amuser et s'offrir des parties de plaisir.

Malgré la pluie, rien ne gâche la fête.

Le dimanche 3 août à Lorient, il n'a pas cessé de pleuvoir. Comme si de rien n'était, les festival s'est poursuivi. Un tour rue Jules-Ferry permet de s’en rendre compte. Les bars sont occupés par des festivaliers qui consomment et suivent la musique. Les personnes qui viennent au festival se protègent de la pluie : imperméables, parapluies et bonnets sont de sortie. Bien protégés, les enfants dans leurs poussettes profitent eux aussi de la fête. Tous les âges ont représentés. Jeunes, adultes et grands-parents sont de la fête.
Des groupes des danseurs se forment devant les bars. Ils exécutent des pas de gavotte, de dañs round et autres danses bretonnes. Ces danseurs réalisent des figures et des formes devant le podium. Ils encouragent les musiciens, les applaudissent à la fin de chansons et airs de musiques. Au bonheur des festivaliers, des groupes de musiques rivalisent devant différents bars.

Par endroits, les sièges trempés par l’eau sont abandonnés. La détermination des festivaliers ne me laisse pas indifférent. Elle me fait penser au Congo Kinshasa. Dans ce pays, la pluie n’est pas la bienvenue. Lorsqu’il pleut, tout est perturbé, au pire ça s’arrête. Les transports en commun deviennent difficiles à trouver. Certaines rues sont impraticables, noyées sous l’eau ou la boue. D'autres rues deviennent impraticables par peur de mettre les pieds sur des raccordements des cables électriques à nus. Chacun se réfugie chez soi ou s’offre une dose de sommeil.